Archives du mot-clé Portugais

Saudade

La « Saudade »

La saudade, prononcez « sa ou da dji » est un concept qui a déjà fait couler beaucoup d’encre pour tenter d’en trouver une définition. Comment expliquer cette émotion, ce ressenti, cet état d’âme, si faiblement traduit par nostalgie, mélancolie, ou même manque. Les brésiliens s’écrient « que saudades de você » (quelle saudade de toi = tu m’as manqué) quand ils ne vous ont pas vu depuis longtemps. Une douceur à l’oreille, un mot qui sonne magnifique. D’ailleurs les retrouvailles ça consiste à « matar a saudade » (littéralement tuer la saudade) : reprendre contact, se raconter, se rapprocher. Ma saudade, c’est un sentiment doux, qui évoque un vécu profond, intense et personnel d’une situation, d’un lieu, d’une personne. J’ai souvent la saudade du Brésil, quand je mets le pied dans l’avion du retour, quand j’écoute une musique brésilienne qui me touche. C’est douloureux et délicieux parce qu’alors je caresse le plaisir de savoir que nous allons bientôt nous revoir, même si je ne sais pas quand… La saudade, par sa grande poésie, est donc un thème de prédilection de la musique brésilienne. Chega de Saudade  (assez de saudade) Cette chanson très connue  a été composée par Antônio Carlos Jobim, écrite par Vinícius de Moraes et interprétée par João Gilberto en 1958. Un des succès monstre qui ont lancé la bossa nova, style musical issu du croisement entre la samba et le jazz cool. Elle fait désormais partie du répertoire de la chanson brésilienne et a été interprétée par de nombreux artistes.

Vai minha tristeza E diz à ela Que sem ela não pode ser Diz – lhe numa prece Que ela regresse Porque eu não posso mais sofrer.Chega de saudade A realidade é que sem ela Não ha paz, não ha beleza E so tristeza e a melancolie Que não sai de mim Não sai de mim Não sai.Mas,se ela voltar Se ela voltar, Que coisa linda Que coisa louca Pois ha menos peixinhos A nadar no mar Do que os beijinhos Que eu darei na sua bôcaDentro dos meus braços Os abraços hão de ser Milhôes de abraços Apertado assim Colado assim Calado assim Abraços e beijinhos E carinhos sem ter fimQue é pra acabar Com êsse negocio De viver longe de mim Não quero mais êsse negocio De você viver assim Vamos deixar dêsse negocio De você viver sem mim, Não quero mais êsse negocio De viver longe de mim Va ma tristesse, Et dis-lui Que sans elle « ça ne peut pas aller » Dis- lui vite Qu’ elle revienne Parce que je n’en peux plus de souffrir.Finie la nostalgie La réalité c’est que sans elle Il n’y a pas de paix, il n’y a pas de beauté Ce n’est que tristesse et mélancolie Qui ne sortent pas de moi Ne sortent pas de moi, ne sortent pasMais, si elle revient, Si elle revient Quelle belle chose heureuse Quelle belle folie Il y a moins de petits poissons Dans la mer Que de baisers Que je te donnerai sur la boucheEntre mes bras Les embrassades Des millions d’embrassades Bien serrés comme ça Collés comme ça Muets comme ça Embrassades, baisers Et calins sans fin. Il faut en finir Avec cette histoire De toi vivant loin de moi Je ne veux plus de cette histoire De toi vivant comme ça Laissons cette histoire De toi vivant sans moi Je ne veux plus de cette histoire De toi vivant loin de moi.

Merci au groupe Batida pour la traduction. Je vous invite à visiter leur site sur la musique brésilienne.

Chega de Saudade, João Gilberto

Chega de Saudade Gal Costa

Sintomas de saudade (Symptômes de saudade), Marisa Monte

Tanta saudade (tant de saudade), Ana Carolina et Seu Jorge, composition Chico Buarque

 Tanta saudade, Chico Buarque et Djavan, interprétation de Chico Buarque

Se eu moresse de saudade (si je mourrais de saudade), Maria Bethania, composition Gilberto Gil

Para declarar minha saudade (Pour déclarer ma saudade), Maria Rita, composition d’Arlindo Cruz

Deixou saudade (Il/Elle a laissé/quitté la saudade), Groupe Revelação Un autre style, du pagode, un sous genre du samba

Ta com saudade de mim? (j’te manque?) de Garota Safada Un exemple de forro un peu « trash«  Garota safada ça veut dire en gros la petite amie « salope »…Ce groupe de forro populaire originaire de Fortaleza, au Nordeste, connait un grand succès… mieux vaut ne pas comprendre les paroles. Et oui, il n’y a pas que de la subtilité musicale au Brésil !

Retrouvez ma playlist Saudade et musique brésilienne sur You Tube

Brasil_2014

Futebol, une passion brésilienne

Moi, football du Brésil, je suis le sport préféré de mon pays !  Je règne sur les cœurs de mes supporters et impose le respect à mes adversaires internationaux. On ne me prend pas à la légère !

Ici, (comme ailleurs aussi, c’est vrai), je suis plus qu’un jeu, un sport d’équipe. Je suis surtout un moyen d’intégration, une possibilité d’ascension sociale, un divertissement dans un environnement parfois difficile voire violent. Je produis des stars, des idoles, alimente les rêves des petits et grands. Bien des choses ont lieu en mon nom*…

A domicile, on choisit une équipe (vous avez bien choisi votre camp, n’est-ce pas ?). Et on s’y colle, on la soutient, on sort au stade, on commente, on chante, on hurle, on s’identifie ! Avec les « autres », on se parle, on se taquine, on se dispute, on se hait, on se juge ou on devine sa classe sociale. Ça en occupe du monde, et pas que des hommes, croyez-moi !

Je porte bien des espoirs, et produis de grandes exaltations collectives, presque hystériques. J’alimente tout un business, j’organise les loisirs, je fais partie du quotidien. Et moi je n’aime rien tant que de voir mes passionnés s’enflammer, se déguiser, s’oublier dans l’ivresse de mon jeu, quand je sens qu’il y a du plaisir, de la joie.

Mais allons droit au but, ce que j’aime le plus, c’est quand on joue à l’extérieur pendant les grandes rencontres internationales. Le Brésil est immense, et je fédère au nom du pays tout entier, du Sud jusqu’à l’Amazonie, pour mieux tout désorganiser… je fais mon petit carnaval quoi.

C’est pendant les grandes compétitions qu’on prend la mesure de ma dimension, de l’importance que j’ai auprès des gens. Si ça se joue pendant une coupe du monde, alors là je les ramasse tous, même ceux qui se prétendent indifférents. J’arrive à nous embarquer dans un sentiment d’unité, une fierté joyeuse et conviviale, un temps suspendu. Là je suis capable d’arrêter le pays ! Dans les entreprises, les administrations, les maisons, partout ou presque, le travail s’arrête. Parfois même officiellement ! Pas mal hein ?! Je capte l’attention à travers la télévision, je bats au score ma grande rivale la telenovela.

Je suis si puissant que je suis l’enjeu de débats politiques ! Bon oui, c’est vrai je capte un peu l’argent public au détriment d’autres investissements…je n’aime pas faire de polémiques, après tout je ne suis qu’un jeu, je ne peux pas régler tous les problèmes du pays… mais quand même, au moins moi je soulage, je fais vibrer, je suscite le désir, je fais vivre… et franchement, quand je regarde autour de moi, je me dis souvent, heureusement que je suis là !

* Pour en savoir plus :
Eurosport sur les manifestations et violences autour du football au stade Maracana de Rio
France info sur les soupçons de corruption autour de la coupe du monde de football
Reportage Geopolis sur France 2 sur le ballon rond au Brésil (5’15)

SOM E BOLA : son et ballonimages

Fio Maravilha, Jorge Ben Jor, 1972
Fio Maravilha, de son vrai nom João Batista de Sales est un ancien footballeur brésilien. Il est surtout connu grâce à la chanson Fio Maravilha, composée en son honneur en 1972, par le chanteur brésilienh Jorge Ben Jor. Jorge Ben assistait à un match entre le « Flamengo » et le Benfica Lisbonne au stade Maracanã à Rio de Janeiro. Fio Maravilha était sur le banc de touche, mais devant l’insistance des supporters de le voir jouer, l’entraineur le fit entrer sur le terrain comme remplaçant. Après 33 minutes de la seconde mi-temps, il marqua le but qui est immortalisé dans la chanson :

E novamente ele chegou com inspiração
Com muito amor, com emoção
Com explosão, gol
Sacudindo a torcida aos 33 minutos
Do segundo tempo
Depois de fazer uma jogada celestial
Em gol
Tabelou, driblou dois zagueiros
Deu um toque driblou o goleiro
Só não entrou com bola e tudo
Porque teve humildade em gol
Foi um gol de classe
Onde ele mostrou sua malícia e sua raça
Foi um gol de anjo
Um verdadeiro gol de placa
Que a galera agradecida assim cantava (x2)
Fio Maravilha, nós gostamos de você
Fio Maravilha faz mais um pra gente ver
Il a surgi à nouveau, inspiré comme jamais
Avec tout son amour, son émotion
Son explosivité … but !
Il a enflammé le public à la 33e mn
De la deuxième mi temps
Après avoir signé une action proprement divine
Ponctuée d’un but
Il a d’abord dribblé deux défenseurs
Avant de feinter le gardien
Il n’est pas entré avec le ballon dans les cages
Parce qu’il est humble d’avoir marqué
Il a signé un but de grande classe
Démonstration de sa malice et son talent
Le but d’un ange
Un vrai but d’anthologie
Que les gens, reconnaissants, chantèrent ainsi (X2)
Fio Maravilha, nous on t’adore
Fio Maravilha, mets-en un autre qu’on voit ça

Merci à Terra Brazil, l’agence des voyages sur mesure au Brésil, pour la traduction!

Aqui é o país do futebol (Ici c’est le pays du football), Milton Nascimento, 1970

O futebol, Chico Buarque, 1989
Supporter connu du Fluminense, un des grands clubs de Rio. Une composition digne d’une drible de « football samba », comme a été surnommé le jeu virtuose des équipes brésiliennes.

É Uma Partida De Futebol, Skank, 1996, composition Nando Reis / Samuel Rosa
Avec cette chanson “c’est une partie de football”, le groupe de rock/reggae à succès s’est fait apprécier des supporters. Le clip illustre bien le délire footballistique brésilien.

Brazuca, Gabriel O pensador
Sur ce que le football ne doit pas faire oublier….
Chanteur de rap brésilien originaire de Rio, un des chefs de file de la contestation musicale, Gabriel O pensador raconte l’histoire de 2 frères d’une favela de Rio. Brazuca, que le football a sorti de la misère, et l’autre Zé Batalha, moins doué de ses pieds et donc travailleur pauvre, assassiné par la police qui l’a confondu avec un bandit dans la favela où il est resté à essayer de survivre.. Un des couplets dénonce notamment la situation du Brésil. Il dit à peu près ceci, le pays est :

É campeão da hipocrisia, da violência, da humilhação
É campeão da ignorância, do desespero, desnutrição
É campeão da covardia e da miséria, corrupção
É campeão do abandono, da fome e da prostituição
Champion de l’hypocrisie, de la violence, de l’humiliation
Champion de l’ignorance, du désespoir, de la malnutrition
Champion de la lacheté et de la misère, de la corruption
Champion de l’abandon, de la faim et de la prostitution

LES MUSIQUES DES SUPPORTERS

Um a zero (un à zéro), Pixinguinha
Pixinguinha est un grand compositeur de musique brésilienne (1897-1973), en particulier de choro, un genre populaire instrumental, d’une certaine technicité et qui comporte beaucoup d’improvisations.
Ce morceau a été écrit pour commémorer la première victoire du Brésil dans la Copa America, en 1919.

A Taça do mundo é nossa, hymne populaire
Musique composée pour célébrer la victoire de la Sélection brésilienne lors de la coupe du monde de 1958 en Suède. Cette musique est entrée dans l’histoire des supporters qui continuent à la chanter.

Pra frente Brasil (en avant Brésil) hymne de la coupe du monde de 1970
C’est devenu un hymne très célèbre et toujours chanté par les supporters :
Noventa milhões em ação
Pra frente Brasil
Do meu coração
Todos juntos vamos
Pra frente Brasil
Salve a Seleção
De repente é aquela corrente pra frente
Parece que todo o Brasil deu a mão
Todos ligados na mesma emoção
Tudo é um só coração!
Todos juntos vamos
Pra frente Brasil, Brasil
Salve a Seleção

L’équipe de football du Brésil est surnomée Seleção (Sélection), Auriverdes (Verts et or) ou Scratch ainsi que Canarinho (« petit canari ») en référence au maillot jaune qui est porté par les joueurs lorsqu’elle évolue à domicile. A propos des surnoms, je vous invite à lire l’article fabriquer un prénom brésilien.

Retrouvez sur You Tube ma playlist : futebol – football, une passion brésilienne