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Sonnet d’amour total

Soneto de amor total
Amo-te tanto, meu amor… não cante
O humano coração com mais verdade…
Amo-te como amigo e como amante
Numa sempre diversa realidade.

Amo-te afim, de um calmo amor prestante
E te amo além, presente na saudade
Amo-te, enfim, com grande liberdade
Dentro da eternidade e a cada instante.

Amo-te como um bicho, simplesmente
De um amor sem mistério e sem virtude
Com um desejo maciço e permanente.

E de te amar assim, muito e amiúde
É que um dia em teu corpo de repente
Hei de morrer de amar mais do que pude.

Je t’aime tant, mon amour …
Le coeur humain ne peut chanter avec plus de vérité …
Je t’aime comme ami et comme amant
Dans une réalité toujours différente.
Je t’aime, d’un calme amour fin et délicat
Et je t’aime plus encore, présent dans la nostalgie
Je t’aime, enfin, avec une grande liberté
Dans l’éternité et à chaque instant.
Je t’aime comme un animal, simplement
D’un amour sans mystère et sans vertu
Avec un désir massif et permanent.
Et de t’aimer ainsi, beaucoup et souvent
un jour viendra, où dans ton corps soudain
Je vais mourir d’aimer plus que je ne pouvais.

Vinicius de Moraes, Rio de Janeiro, 1951

Merci à Odile Bertotto pour la traduction

Ecoutez la mélodie du portugais de Vinicius :

Une interview en français du poète :

Bem te Vi branche

Réveil nature

Après des mois passés à dormir en dortoirs pour voir du pays, mon sac sur le dos en solitaire sur plusieurs continents, chaque matin de ce séjour à Bahia je suis incrédule d’avoir si bien dormi. C’est le cocon de la forêt de la Chapada Diamantina qui répare mon sommeil après tant de nuits malmenées. Le concours de circonstances qui me retient ici depuis quelques semaines est une providence, mon hôte est un enchanteur.

Vallée Capao Chapada Diamantina Morro Chapada Diamantina

Dormir au cœur de la Nature avec les cris mystérieux de la vie nocturne, le souffle du vent dans les branches qui ressemble au ressac ou la pluie qui fait ploc ploc sur les tuiles, c’est pour moi satisfaire un besoin primaire. Pour ce bonheur puissant je raffole des grands espaces, des endroits isolés, des nuits sous la tente ou à la belle étoile. La Nature me berce et me réveille avec douceur. Les yeux mi-clos, j’écoute l’animation des oiseaux qui célèbrent le jour :

(si votre navigateur n’arrive pas à lire le mp3, cliquez sur le haut parleur à droite et montez le son au maximum)

Attentive, étalée dans le lit, je fais durer le plaisir. Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien se raconter ? Est-ce que les oiseaux de différentes espèces dialoguent entre eux ? Et si tous ces chants étaient autant de langues étrangères ? Est-ce qu’ils sont au contraire chacun l’instrument d’une symphonie improvisée ? J’aurais du faire biologiste option grand air.

Passaro_Brasil Oiseau_Brésil

Ce qui m’étonne inlassablement avec les oiseaux, c’est l’évidence qu’ils sont totalement dans l’instant présent. Pas de prise de tête, pas de « to do list », pas de pensées parasites. Ils sont tellement vivants quand ils chantent de toute leur folle beauté! Leur pleine conscience me donne des ailes, j’essaie de me laisser inspirer pour commencer la journée.

Diogo_Bahia Restinga_Diogo

A Diogo, sur le littoral de Bahia, chez une fée dont les bungalows sont nichés au milieu la restinga (un terrain de sable avec des plantes typiques du bord de mer), je me délecte d’admirer les cocotiers onduler et froufrouter avec la brise. A l’aube, les oiseaux créent mon rituel : me glisser subrepticement du lit au hamac de l’entrée et écouter ça :

A Rio de Janeiro, j’aime sentir la proximité des oiseaux abrités dans l’immense forêt urbaine de Tijuca. Leurs chants matinaux adoucissent l’aube dans le vacarme urbain. Exemple d’un dimanche :

Rio_Laranjeiras_TijucaOiseau bleu _Rio

Pássaro proibido (oiseau interdit) – Maria Bethania

Meditação (médiation) – Tom Jobim

 

Palmiers_Brésil_VH

« Le vaste Brésil aux arbres semés d’or »

J’aime votre patrie au ciel toujours pur,
Paradis qui se berce entre les flots d’azur,
Où le soleil brûlant, comme un phare féerique,
Couvre de ses rayons le sol de l’Amérique.
Vous êtes le printemps et moi, je suis l’hiver;
Je suis le soir tombant, vous le jour frais et clair,
Et j’aime à regarder l’aurore s’épanouir.
Oui! je sens de la force et de la joie me venir
À vous voir. Vous croissez. L’Europe, le vieux monde,
Dans l’histoire a vécu la rapide secondeDe sa vie.
Vous serez l’Europe, après-demain.
Le moment est critique. Eh! bien, prenez la main
De l’Avenir puissant qui vous attend.
Alors, Dans ce vaste Brésil aux arbres semés d’or,
Passeront le Progrès, la Force et la Clarté:
On voit sur votre front une aurore d’été.

 Amo vossa pátria de sempre puro céu
Paraíso azulado por ondas ao léu
Onde ardente como um feérico farol
Cobre o chão da América de raios o sol
Sois a primavera e eu o inverno sou
Sois dia fresco e claro e no poente estou
E gosto de ver a desmanchar-se a aurora Sim!
Sinto força e alegria que em mim aflora
A vos ver. Cresceis. A Europa, o velho mundo
Na história viveu o rápido segundo
De sua vida. Sereis a Europa então.
O momento é crítico. Ah! Tomai a mão
Do grande Futuro que vos aguarda.
E assim sob árvores douradas num Brasil sem fim
Passarão o Progresso, a Força e a Luz:
A aurora de estio em vossa tez reluz.

Poème publié en 1902 dans le Jornal do Brasil, et attribué à Victor Hugo. Cette attribution est sujette à caution.

Pour en savoir plus, consultez le site de la BNF sur Victor Hugo et le Brésil

Victor_Hugo