La littérature populaire de Jorge Amado

Jorge Amado est un des plus grands écrivains brésiliens. Bahianais, sa littérature populaire a inspiré nombre de télénovelas à succès. Il n’a pas son pareil pour vous plonger au coeur de la culture afro-brésilienne de Bahia, ses mystères, ses personnages typiques, ses tranches de vie. Ses romans sont incroyablement vivants, hauts en couleurs et très instructifs sur la société brésilienne.

J’ai particulièrement aimé ces livres :

Bahia de tous les saints : une formidable initiation à l’esprit de Bahia.

Tieta d’Agreste : un de mes endroits préférés au Brésil est sans conteste Mangue Seco, un paradis du littoral de Bahia, théâtre de ce roman original, drôle et espiègle sur les moeurs brésiliennes.

– Dona Flor et ses deux maris : ambiance de carnaval et clins d’oeil facétieux. Il en a été tiré un film de Bruno Barreto sorti en 1976 ainsi qu’une télénovela, tous deux très populaires au Brésil.

Voici la bande annonce du film :

Jorge Amado. Bahia de tous les saints, Folio Gallimard, 1981.

« Dans le Brésil du Nord-est, le picaresque Antonio Balduino incarne la peine et les rêves du peuple noir. Enfant perdu, mauvais garçon, boxeur professionnel, initié des «macumbas», travailleur sur les plantations de tabac, docker, employé de cirque, Antonio cherche toujours «le chemin de la maison». Il a des amours – irréelles – avec la blanche Lindinalva et une liaison avec la trépidante Rosenda Roseda. Une grève lui permettra de découvrir ce qu’est la solidarité et donnera un sens à sa vie : la lutte pour la libération. »

Jorge Amado. Dona Flor et ses deux maris. J’ai lu Roman, 2012.

« Bahia, jour de carnaval. Après un énième excès, Vadinho, joueur et coureur invétéré, s’effondre en pleine rue, laissant derrière lui une veuve éplorée, la belle dona Flor. Appréciée de tous, cuisinière émérite, dona Flor se console rapidement en épousant le très respectable docteur Teodoro. Mais cette existence calme et ordonnée vole en éclats le jour où la jeune femme trouve Vadinho étendu, nu, sur son lit. Invisible à tous, l’homme s’est réincarné pour la seule dona Flor et entend bien jouir de ses droits de mari. »

Jorge Amado.Tieta d’Agreste.Stock, collection la Cosmopolite, 2007.

« Adolescente, la charnelle chevrière Tieta a fui les collines d’Agreste sous l’opprobre publique et le bâton vindicatif du vieil Esteves, son père. Trente ans plus tard, en femme influente de Sao Paulo, elle regagne le paradis perdu de sa bourgade natale, dans la province de Bahia. Les habitants d’Agreste, mus par divers intérêts, semblent alors décidés à faire table rase du passé pour accueillir comme il se doit la riche veuve Antonieta Esteves Cantarelli. D’emblée, Tieta est consacrée figure tutélaire de la petite communauté, catalysant les fantasmes d’une vie meilleure et fastueuse, marquée au sceau du mythe du progrès urbain. C’est pourtant la même Tieta qui, lorsqu’une industrie chimique menace de s’installer sur la plage paradisiaque du Mangue Seco, devient à son insu le porte-flambeau voluptueux d’une cabale menée contre l’usine et son cortège de maux: la pollution et la corruption. Mais comment réagiront les protégés bien-pensants de la Pauliste quand ils découvriront que derrière une façade de joyeuse respectabilité se dissimule une tenancière de maison close au service des millionnaires, qui, loin d’avoir étouffé sa sensualité, dévoie chaque nuit son chaste neveu promis au séminaire? »

Les sagas brésiliennes de J.P. Delfino

Au retour de mon premier voyage au Brésil, j’ai eu envie de lire sur le Brésil. J’ai découvert les livres de Jean-Paul Delfino, un fin connaisseur du pays. Ces histoires s’inscrivent dans un contexte historique et culturel documenté tout en étant très digestes grâce à une écriture vivante et colorée.

Je vous recommande sa trilogie  (Corcovado suivi de Dans l’ombre du condor et de Samba triste) ainsi que Zumbi.

Jean-Paul Delfino est également musicien et a écrit sur la musique brésilienne. Il a notamment publié un panorama des musiques brésiliennes, recommandé pour ceux qui veulent en savoir plus sur les styles de musique brésilienne et leur histoire.

Trilogie romanesque

Jean-Paul Delfino. Corcovado, Points, 2005.

Meurtrier malgré lui, Jean Dimare fuit Marseille pour le Brésil. Il s’invente un passé, prend le nom de João Domar et découvre, émerveillé, ce pays jeune et foisonnant. Plein de fougue et d’ambition, il grimpe jusqu’au sommet de ses rêves en devenant tour à tour chef de gang, trafiquant d’alcool, maquereau… Seule sa participation à l’édification du Christ au sommet du Corcovado pourra le mettre sur la voie de la rédemption.

Jean-Paul Delfino. Dans l’ombre du Condor, Points, 2006.

Lucina, seize ans, a deux passions : la musique et la politique. Paulinho, vingt ans, rêve de richesse et de femmes. La vie est douce, à Rio de Janeiro, au rythme de la bossa-nova naissante et du football qui fait rêver tout un peuple… Mais en ce début des années 1960, le plan Condor élaboré par la CIA pour mettre au pas les démocraties du Sud va étendre son ombre sur le Brésil. Et changer à jamais la destinée des deux jeunes gens…

Jean-Paul Delfino. Samba Triste, Points, 2007.

La prison, la torture, le viol, la mort d’êtres chers et l’exil n’auront pas eu raison de Lucina. De retour au Brésil, la jeune femme se bat, aux côtés du père Thomas, pour les enfants des favelas, les pivetes. Mais les Escadrons de la Mort rôdent. Dirigés par un amoureux éconduit, ils prennent le contrôle du pays. Parviendront-ils à contrôler sa vie ?

 Jean-Paul Delfino. Zumbi, Buchet Chastel, 2007.

Soudain, le paradis dans lequel Semba a toujours vécu vole en éclats. Tout se passe par une douce matinée de printemps, alors qu’il se dirige vers un point d’eau dans l’espoir de débusquer une antilope. Son village est attaqué par des guerriers en furie. Les plus vaillants sont faits prisonniers, les autres sont réduits en une bouillie de sang et d’os. Tous sont devenus, ce jour-là, la propriété de dom Joaquim da Fonseca, un richissime négrier portugais installé au Brésil…
Arrivé à Rio, de prisonnier Semba devient esclave. L’enfer commence : sévices corporels, humiliations, travail harassant… Semba n’a qu’une idée en tête : retrouver sa dignité. Pour cela, il lui faut s’évader et rejoindre la forêt de la Barriga. Là, vivent des milliers de Nègres qui ont choisi la révolte et la liberté. Leur chef est le redoutable Zumbi, le «Dieu-de-la-Guerre». Depuis des années, il défie les Hollandais et les Portugais. Là, est la terre d’espoir. Semba va tenter l’impossible. Va-t-il réussir ? Ou mourir ?

Musique

Jean-Paul Delfino. Brasil : A musica. Collection Eupalinos, Parenthèses, 1998.

Un méridional vous parle du Brésil : interview de Jean-Paul Delfino par l’association Coeur de Livres à la comédie du livre de Montpellier en 2012

Palmiers_Brésil_VH

« Le vaste Brésil aux arbres semés d’or »

J’aime votre patrie au ciel toujours pur,
Paradis qui se berce entre les flots d’azur,
Où le soleil brûlant, comme un phare féerique,
Couvre de ses rayons le sol de l’Amérique.
Vous êtes le printemps et moi, je suis l’hiver;
Je suis le soir tombant, vous le jour frais et clair,
Et j’aime à regarder l’aurore s’épanouir.
Oui! je sens de la force et de la joie me venir
À vous voir. Vous croissez. L’Europe, le vieux monde,
Dans l’histoire a vécu la rapide secondeDe sa vie.
Vous serez l’Europe, après-demain.
Le moment est critique. Eh! bien, prenez la main
De l’Avenir puissant qui vous attend.
Alors, Dans ce vaste Brésil aux arbres semés d’or,
Passeront le Progrès, la Force et la Clarté:
On voit sur votre front une aurore d’été.

 Amo vossa pátria de sempre puro céu
Paraíso azulado por ondas ao léu
Onde ardente como um feérico farol
Cobre o chão da América de raios o sol
Sois a primavera e eu o inverno sou
Sois dia fresco e claro e no poente estou
E gosto de ver a desmanchar-se a aurora Sim!
Sinto força e alegria que em mim aflora
A vos ver. Cresceis. A Europa, o velho mundo
Na história viveu o rápido segundo
De sua vida. Sereis a Europa então.
O momento é crítico. Ah! Tomai a mão
Do grande Futuro que vos aguarda.
E assim sob árvores douradas num Brasil sem fim
Passarão o Progresso, a Força e a Luz:
A aurora de estio em vossa tez reluz.

Poème publié en 1902 dans le Jornal do Brasil, et attribué à Victor Hugo. Cette attribution est sujette à caution.

Pour en savoir plus, consultez le site de la BNF sur Victor Hugo et le Brésil

Victor_Hugo