Après des mois passés à dormir en dortoirs pour voir du pays, mon sac sur le dos en solitaire sur plusieurs continents, chaque matin de ce séjour à Bahia je suis incrédule d’avoir si bien dormi. C’est le cocon de la forêt de la Chapada Diamantina qui répare mon sommeil après tant de nuits malmenées. Le concours de circonstances qui me retient ici depuis quelques semaines est une providence, mon hôte est un enchanteur.
Dormir au cœur de la Nature avec les cris mystérieux de la vie nocturne, le souffle du vent dans les branches qui ressemble au ressac ou la pluie qui fait ploc ploc sur les tuiles, c’est pour moi satisfaire un besoin primaire. Pour ce bonheur puissant je raffole des grands espaces, des endroits isolés, des nuits sous la tente ou à la belle étoile. La Nature me berce et me réveille avec douceur. Les yeux mi-clos, j’écoute l’animation des oiseaux qui célèbrent le jour :
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Attentive, étalée dans le lit, je fais durer le plaisir. Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien se raconter ? Est-ce que les oiseaux de différentes espèces dialoguent entre eux ? Et si tous ces chants étaient autant de langues étrangères ? Est-ce qu’ils sont au contraire chacun l’instrument d’une symphonie improvisée ? J’aurais du faire biologiste option grand air.
Ce qui m’étonne inlassablement avec les oiseaux, c’est l’évidence qu’ils sont totalement dans l’instant présent. Pas de prise de tête, pas de « to do list », pas de pensées parasites. Ils sont tellement vivants quand ils chantent de toute leur folle beauté! Leur pleine conscience me donne des ailes, j’essaie de me laisser inspirer pour commencer la journée.
A Diogo, sur le littoral de Bahia, chez une fée dont les bungalows sont nichés au milieu la restinga (un terrain de sable avec des plantes typiques du bord de mer), je me délecte d’admirer les cocotiers onduler et froufrouter avec la brise. A l’aube, les oiseaux créent mon rituel : me glisser subrepticement du lit au hamac de l’entrée et écouter ça :
A Rio de Janeiro, j’aime sentir la proximité des oiseaux abrités dans l’immense forêt urbaine de Tijuca. Leurs chants matinaux adoucissent l’aube dans le vacarme urbain. Exemple d’un dimanche :
Pássaro proibido (oiseau interdit) – Maria Bethania
Meditação (médiation) – Tom Jobim