Archives pour la catégorie Images du Brésil

Copacabana_1890_MarcFerrez

Copa-Copacabana

Copacabana, plage mythique de Rio de Janeiro!

La magnifique photo de Marc Ferrez (1843-1923), prise aux alentours de 1890, témoigne d’un Brésil à jamais disparu…

J’aime arpenter ses trottoirs noirs et blancs, baskets aux pieds ou tongs ensablées après une après-midi de farniente, à la recherche d’une eau de coco ou d’une petite bière, dans un des kiosques alignés le long de de ses 4 kms.

Copacabana- plage

J’espère un jour avoir l’opportunité d’assister au magnifique feu d’artifice du réveillon, toute de blanc vêtue, comme le veut la tradition.

Copacabana, incarnation de la « chanson du Brésil pour gringos », de l’américain Barry Manilow, a fait un carton dans les 70’s

Téyou, tu viens?

Aaaaahhh, hourra ! Revoilà Marcel, il vient de passer près de la fenêtre !

Il n’a pas plu depuis des semaines dans la Chapada Diamantina, la vallée tire la langue, fin des baignades dans les cascades, l’eau des puits est rationnée.

Rio normal

Cascade à sec

Cascade à sec

Puit à sec

Puit à sec

Les regards se tournent vers le ciel chaque matin, chaque soir, avec inquiétude et espoir. La forêt qui entoure la maison est tellement sèche qu’on entendrait arriver un félin à cinquante mètres. Un avantage : le bruissement des branchages me sert d’alarme. Je tends l’oreille : le raffut du craquement des feuilles géantes du jaquier m’informe que j’ai de la visite. Ici, en pleine nature brésilienne, je savoure mon acuité auditive,  si handicapante en ville. Je bondis lestement de ma chaise, dans un geste calculé pour ne pas me faire repérer, et je me planque derrière la vitre afin de ne pas rater une miette du spectacle. Il est là, il se dandine, énorme, préhistorique, il doit bien faire un mètre de long et peser dans les 8 kilos. Son cuir noir tacheté de blanc ondule lentement au rythme de son avancée, il a quatre pattes griffues qui dodelinent en alternance pour déplacer son corps mouvant au ras du sol. Sa langue rose et souple s’élance par à coups pour tâter le terrain. Sa queue traine derrière et craquelle la terre nue du potager d’un sillon bien visible, indice précieux de son passage.

Marcel, c’est mon pote le Teiu (prononcez « téyou »), un lézard géant.

Marcel le teiu

Quand il est dans le coin, mon sang ne fait qu’un tour. Je laisse tout en plan et j’observe en retenant mon souffle. Marcel ne se montre pas souvent, c’est son côté reptile mystérieux, et en plus il a horreur de l’hiver tropical où les températures peuvent frôler les 10 degrés, brrrr ! Lui et moi on se comprend pour ça, on aime avoir chaud. Il sort au printemps, après avoir passé plusieurs mois dans son terrier. Là il est affamé et il a besoin de reprendre des forces rapidement. Il a bien compris que le trou du compost dans le jardin est une aubaine pour se goinfrer sans efforts. Ça sent bon la jacque, ces fruits plus gros que des ballons de rugby, réservoirs de chair douce et collante, qui explosent en tombant sur le sol et libèrent un parfum entêtant en pourrissant. Il y a des épluchures de bananes, papayes, mangues et autres légumes, ça grouille d’insectes à croquer, bref, un festin après des mois de jeûne. Une fois je l’ai surpris en flagrant délit de gourmandise alors que j’allais jeter des restes. Il a détalé, paniqué : escalade éclair des parois du trou de terre, dérapage contrôlé, accélération vers la forêt. « Relaxa Marcel ! Je n’ai pas l’intention de te manger, oui je sais le teiu est consommé dans le Nordeste, mais c’est mal me connaître. Quand je chasse ce n’est que pour le plaisir de la rencontre… »

Jaque_taille

Jacque et mangues

Teiu_compost

Marcel, je lui ai donné un petit nom (chauffe, Marcel, pour une bestiole à sang froid, c’est bien non ?) parce qu’il a beau être sauvage, ses allées et venues ont créé une relation, c’est un de mes petits copains de la forêt. Chaque jour j’espère le voir, mais je ne sais jamais s’il viendra, môssieur n’est pas un toutou domestique non plus. Il est tellement fascinant avec son look d’un autre âge, sa dégaine de gros balèze qui roule des mécaniques et sa langue pilote qui balise le trajet. Je m’émerveille de ce dinosaure des temps modernes. Je pense à lui, au fait qu’il est un lien vivant avec la nature avoisinante, un rappel que j’ai la chance de partager le même habitat. Admirer Marcel, c’est une sorte de voyeurisme de luxe : scruter à son insu un animal sauvage, quel privilège rare ! J’aime surtout la magie du croisement imprévu, la joie de la surprise, les hasards du lézard !

 Lezard_Bresil_Marcel

Bichos (« bestioles ») – Ivete Sangalo

Ivete Sangalo, une bête de scène, une des reines de l’Axé (musique populaire typique du carnaval de Salvador) chante  ici dans un registre différent, celui de la musique pour enfants pas gnangnan.

Ivete-Sangalo

Bem te Vi branche

Réveil nature

Après des mois passés à dormir en dortoirs pour voir du pays, mon sac sur le dos en solitaire sur plusieurs continents, chaque matin de ce séjour à Bahia je suis incrédule d’avoir si bien dormi. C’est le cocon de la forêt de la Chapada Diamantina qui répare mon sommeil après tant de nuits malmenées. Le concours de circonstances qui me retient ici depuis quelques semaines est une providence, mon hôte est un enchanteur.

Vallée Capao Chapada Diamantina Morro Chapada Diamantina

Dormir au cœur de la Nature avec les cris mystérieux de la vie nocturne, le souffle du vent dans les branches qui ressemble au ressac ou la pluie qui fait ploc ploc sur les tuiles, c’est pour moi satisfaire un besoin primaire. Pour ce bonheur puissant je raffole des grands espaces, des endroits isolés, des nuits sous la tente ou à la belle étoile. La Nature me berce et me réveille avec douceur. Les yeux mi-clos, j’écoute l’animation des oiseaux qui célèbrent le jour :

(si votre navigateur n’arrive pas à lire le mp3, cliquez sur le haut parleur à droite et montez le son au maximum)

Attentive, étalée dans le lit, je fais durer le plaisir. Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien se raconter ? Est-ce que les oiseaux de différentes espèces dialoguent entre eux ? Et si tous ces chants étaient autant de langues étrangères ? Est-ce qu’ils sont au contraire chacun l’instrument d’une symphonie improvisée ? J’aurais du faire biologiste option grand air.

Passaro_Brasil Oiseau_Brésil

Ce qui m’étonne inlassablement avec les oiseaux, c’est l’évidence qu’ils sont totalement dans l’instant présent. Pas de prise de tête, pas de « to do list », pas de pensées parasites. Ils sont tellement vivants quand ils chantent de toute leur folle beauté! Leur pleine conscience me donne des ailes, j’essaie de me laisser inspirer pour commencer la journée.

Diogo_Bahia Restinga_Diogo

A Diogo, sur le littoral de Bahia, chez une fée dont les bungalows sont nichés au milieu la restinga (un terrain de sable avec des plantes typiques du bord de mer), je me délecte d’admirer les cocotiers onduler et froufrouter avec la brise. A l’aube, les oiseaux créent mon rituel : me glisser subrepticement du lit au hamac de l’entrée et écouter ça :

A Rio de Janeiro, j’aime sentir la proximité des oiseaux abrités dans l’immense forêt urbaine de Tijuca. Leurs chants matinaux adoucissent l’aube dans le vacarme urbain. Exemple d’un dimanche :

Rio_Laranjeiras_TijucaOiseau bleu _Rio

Pássaro proibido (oiseau interdit) – Maria Bethania

Meditação (médiation) – Tom Jobim