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J’en Neymar, vite un livre!

Cette période de « Copa de foutchibole » me donne envie d’ hurler« goooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooool » à m’en vider les poumons comme font les commentateurs de télé (c’est jouissif, essayez !), de jouer à prononcer « Seleção«  en allongeant bien le aoooonnnn de la dernière syllabe avec un air d’initiée ou d’attendre avec impatience la prochaine apparition tout en muscles des gatinhos auriverdes sur le terrain.

Hulk (!)

L’incroyable cri de Gol

J’admets que la saturation menace, avec risque d’overdose de clichés et reportages sur les-jolies-filles-en-string-sur-la-plage-de-Copacabana, sans parler de la navrante soupe musicale officielle, à se demander si le Brésil est bien le pays de la musique. (Découvrez à ce propos l’article de Bossa Nova Brasil : les chansons de la coupe du monde 2014)

C’est pourquoi je vous invite à (re)découvrir le Brésil autrement : après le sport, les images, la musique, et si vous tentiez un peu de littérature ? Et si vous profitiez des vacances pour lire quelques grands écrivains brésiliens ? Voici quelques suggestions de petits bijoux à glisser dans vos bagages :

 J.-M. Machado de Assis. L’alieniste. Collection « suite brésilienne », éditions Metailié, 2012

Excellent livre pour interroger la folie ordinaire et ceux qui oublient que la folie n’est peut être pas toujours là où on le pense…

« Une nouvelle qui, dès 1881, bien avant l’antipsychiatrie, dénonce le pouvoir médical arbitraire. L’aliéniste est-il celui qui soigne la folie, celui qui la fabrique ou celui qui la porte en lui ? »

Alieniste_Machado

Rachel de Queiroz. L’année de la grande sécheresse. Bibliothèque Cosmopolite,Stock,1986

Une écriture intense et percutante, étonnante de maturité pour un premier roman écrit à 19 ans par la première femme a avoir rejoint l’académie brésilienne des lettres. Un témoignage sur les mœurs et les conditions de l’exode vers le sud au début du siècle. La vie dans la région du Nordeste est toujours fortement marquée par ces conditions climatiques extrêmes.

« Les sécheresses cycliques qui s’abattent sur le Nordeste brésilien flagellent une population qui ne quitte sa terre que poussée par la famine et s’empresse de revenir avec les premières pluies.
Mais en cette terrible année 1915 – une des plus cruelles dans le souvenir des Brésiliens – il faut partir, partir sans espoir de retour. Sur l’interminable route qui mène à l’Amazonie et, croit-il, au salut, chemine Chico Bento, accompagné de sa famille. La mort, hideuse compagne de voyage, rôde autour des enfants que la faim exaspère. Vicente, le jeune éleveur, refuse pour sa part de lâcher ses bêtes, et ce sertão aux terres fauves qui est sa raison de vivre.
Son amour pour Conseicão, sa cousine, lui donnera-t-il la force de se battre plus que les autres ? Mais Conseicão, dans un monde à bien des égards encore archaïque, figé dans ses conventions, croira entr’apercevoir un espoir de vie plus moderne, plus loin – ailleurs. Si nul ne sort indemne de la sécheresse, chacun des personnages de Rachel de Queiroz tente de forcer le destin, de vaincre cette même fatalité qui s’abat sur la terre et sur les hommes. »

O Quinze - Rachel de Queiroz

 João Ubaldo Ribeiro. O Luxure. Collection motifs, les éditions du Rocher, 2004

 Parce que c’est l’été…

« La luxure… Se vautrer dans le stupre… Jouir ! Telle fut la ligne vitale de cette inconnue aujourd’hui âgée qui confie ses mémoires charnelles à un magnétophone. D’une totale impudeur, exaltant le sexe dans tous ses plaisirs, elle raconte ses amants et maîtresses avec gourmandise et dans une langue plus que crue. De cet exercice de style – écrire sur la luxure -, le romancier brésilien João Ubaldo Ribeiro fait un livre admirablement dévergondé, empli de drôlerie et de joie, un livre bienheureux comme ces deux bouddhas propitiatoires qui ouvrent le récit. »

O luxure Ribeiro

 Et lui n’est pas brésilien, mais ses aventures passent par le Brésil :

Hugo Pratt. Sous le signe du capricorne. Collection Corto Maltese,Casterman, 1979

 Corto_sous le signe du capricorne

Boas Ferias ! Bonnes vacances !

Brasil_2014

Futebol, une passion brésilienne

Moi, football du Brésil, je suis le sport préféré de mon pays !  Je règne sur les cœurs de mes supporters et impose le respect à mes adversaires internationaux. On ne me prend pas à la légère !

Ici, (comme ailleurs aussi, c’est vrai), je suis plus qu’un jeu, un sport d’équipe. Je suis surtout un moyen d’intégration, une possibilité d’ascension sociale, un divertissement dans un environnement parfois difficile voire violent. Je produis des stars, des idoles, alimente les rêves des petits et grands. Bien des choses ont lieu en mon nom*…

A domicile, on choisit une équipe (vous avez bien choisi votre camp, n’est-ce pas ?). Et on s’y colle, on la soutient, on sort au stade, on commente, on chante, on hurle, on s’identifie ! Avec les « autres », on se parle, on se taquine, on se dispute, on se hait, on se juge ou on devine sa classe sociale. Ça en occupe du monde, et pas que des hommes, croyez-moi !

Je porte bien des espoirs, et produis de grandes exaltations collectives, presque hystériques. J’alimente tout un business, j’organise les loisirs, je fais partie du quotidien. Et moi je n’aime rien tant que de voir mes passionnés s’enflammer, se déguiser, s’oublier dans l’ivresse de mon jeu, quand je sens qu’il y a du plaisir, de la joie.

Mais allons droit au but, ce que j’aime le plus, c’est quand on joue à l’extérieur pendant les grandes rencontres internationales. Le Brésil est immense, et je fédère au nom du pays tout entier, du Sud jusqu’à l’Amazonie, pour mieux tout désorganiser… je fais mon petit carnaval quoi.

C’est pendant les grandes compétitions qu’on prend la mesure de ma dimension, de l’importance que j’ai auprès des gens. Si ça se joue pendant une coupe du monde, alors là je les ramasse tous, même ceux qui se prétendent indifférents. J’arrive à nous embarquer dans un sentiment d’unité, une fierté joyeuse et conviviale, un temps suspendu. Là je suis capable d’arrêter le pays ! Dans les entreprises, les administrations, les maisons, partout ou presque, le travail s’arrête. Parfois même officiellement ! Pas mal hein ?! Je capte l’attention à travers la télévision, je bats au score ma grande rivale la telenovela.

Je suis si puissant que je suis l’enjeu de débats politiques ! Bon oui, c’est vrai je capte un peu l’argent public au détriment d’autres investissements…je n’aime pas faire de polémiques, après tout je ne suis qu’un jeu, je ne peux pas régler tous les problèmes du pays… mais quand même, au moins moi je soulage, je fais vibrer, je suscite le désir, je fais vivre… et franchement, quand je regarde autour de moi, je me dis souvent, heureusement que je suis là !

* Pour en savoir plus :
Eurosport sur les manifestations et violences autour du football au stade Maracana de Rio
France info sur les soupçons de corruption autour de la coupe du monde de football
Reportage Geopolis sur France 2 sur le ballon rond au Brésil (5’15)

SOM E BOLA : son et ballonimages

Fio Maravilha, Jorge Ben Jor, 1972
Fio Maravilha, de son vrai nom João Batista de Sales est un ancien footballeur brésilien. Il est surtout connu grâce à la chanson Fio Maravilha, composée en son honneur en 1972, par le chanteur brésilienh Jorge Ben Jor. Jorge Ben assistait à un match entre le « Flamengo » et le Benfica Lisbonne au stade Maracanã à Rio de Janeiro. Fio Maravilha était sur le banc de touche, mais devant l’insistance des supporters de le voir jouer, l’entraineur le fit entrer sur le terrain comme remplaçant. Après 33 minutes de la seconde mi-temps, il marqua le but qui est immortalisé dans la chanson :

E novamente ele chegou com inspiração
Com muito amor, com emoção
Com explosão, gol
Sacudindo a torcida aos 33 minutos
Do segundo tempo
Depois de fazer uma jogada celestial
Em gol
Tabelou, driblou dois zagueiros
Deu um toque driblou o goleiro
Só não entrou com bola e tudo
Porque teve humildade em gol
Foi um gol de classe
Onde ele mostrou sua malícia e sua raça
Foi um gol de anjo
Um verdadeiro gol de placa
Que a galera agradecida assim cantava (x2)
Fio Maravilha, nós gostamos de você
Fio Maravilha faz mais um pra gente ver
Il a surgi à nouveau, inspiré comme jamais
Avec tout son amour, son émotion
Son explosivité … but !
Il a enflammé le public à la 33e mn
De la deuxième mi temps
Après avoir signé une action proprement divine
Ponctuée d’un but
Il a d’abord dribblé deux défenseurs
Avant de feinter le gardien
Il n’est pas entré avec le ballon dans les cages
Parce qu’il est humble d’avoir marqué
Il a signé un but de grande classe
Démonstration de sa malice et son talent
Le but d’un ange
Un vrai but d’anthologie
Que les gens, reconnaissants, chantèrent ainsi (X2)
Fio Maravilha, nous on t’adore
Fio Maravilha, mets-en un autre qu’on voit ça

Merci à Terra Brazil, l’agence des voyages sur mesure au Brésil, pour la traduction!

Aqui é o país do futebol (Ici c’est le pays du football), Milton Nascimento, 1970

O futebol, Chico Buarque, 1989
Supporter connu du Fluminense, un des grands clubs de Rio. Une composition digne d’une drible de « football samba », comme a été surnommé le jeu virtuose des équipes brésiliennes.

É Uma Partida De Futebol, Skank, 1996, composition Nando Reis / Samuel Rosa
Avec cette chanson “c’est une partie de football”, le groupe de rock/reggae à succès s’est fait apprécier des supporters. Le clip illustre bien le délire footballistique brésilien.

Brazuca, Gabriel O pensador
Sur ce que le football ne doit pas faire oublier….
Chanteur de rap brésilien originaire de Rio, un des chefs de file de la contestation musicale, Gabriel O pensador raconte l’histoire de 2 frères d’une favela de Rio. Brazuca, que le football a sorti de la misère, et l’autre Zé Batalha, moins doué de ses pieds et donc travailleur pauvre, assassiné par la police qui l’a confondu avec un bandit dans la favela où il est resté à essayer de survivre.. Un des couplets dénonce notamment la situation du Brésil. Il dit à peu près ceci, le pays est :

É campeão da hipocrisia, da violência, da humilhação
É campeão da ignorância, do desespero, desnutrição
É campeão da covardia e da miséria, corrupção
É campeão do abandono, da fome e da prostituição
Champion de l’hypocrisie, de la violence, de l’humiliation
Champion de l’ignorance, du désespoir, de la malnutrition
Champion de la lacheté et de la misère, de la corruption
Champion de l’abandon, de la faim et de la prostitution

LES MUSIQUES DES SUPPORTERS

Um a zero (un à zéro), Pixinguinha
Pixinguinha est un grand compositeur de musique brésilienne (1897-1973), en particulier de choro, un genre populaire instrumental, d’une certaine technicité et qui comporte beaucoup d’improvisations.
Ce morceau a été écrit pour commémorer la première victoire du Brésil dans la Copa America, en 1919.

A Taça do mundo é nossa, hymne populaire
Musique composée pour célébrer la victoire de la Sélection brésilienne lors de la coupe du monde de 1958 en Suède. Cette musique est entrée dans l’histoire des supporters qui continuent à la chanter.

Pra frente Brasil (en avant Brésil) hymne de la coupe du monde de 1970
C’est devenu un hymne très célèbre et toujours chanté par les supporters :
Noventa milhões em ação
Pra frente Brasil
Do meu coração
Todos juntos vamos
Pra frente Brasil
Salve a Seleção
De repente é aquela corrente pra frente
Parece que todo o Brasil deu a mão
Todos ligados na mesma emoção
Tudo é um só coração!
Todos juntos vamos
Pra frente Brasil, Brasil
Salve a Seleção

L’équipe de football du Brésil est surnomée Seleção (Sélection), Auriverdes (Verts et or) ou Scratch ainsi que Canarinho (« petit canari ») en référence au maillot jaune qui est porté par les joueurs lorsqu’elle évolue à domicile. A propos des surnoms, je vous invite à lire l’article fabriquer un prénom brésilien.

Retrouvez sur You Tube ma playlist : futebol – football, une passion brésilienne