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Les sagas brésiliennes de J.P. Delfino

Au retour de mon premier voyage au Brésil, j’ai eu envie de lire sur le Brésil. J’ai découvert les livres de Jean-Paul Delfino, un fin connaisseur du pays. Ces histoires s’inscrivent dans un contexte historique et culturel documenté tout en étant très digestes grâce à une écriture vivante et colorée.

Je vous recommande sa trilogie  (Corcovado suivi de Dans l’ombre du condor et de Samba triste) ainsi que Zumbi.

Jean-Paul Delfino est également musicien et a écrit sur la musique brésilienne. Il a notamment publié un panorama des musiques brésiliennes, recommandé pour ceux qui veulent en savoir plus sur les styles de musique brésilienne et leur histoire.

Trilogie romanesque

Jean-Paul Delfino. Corcovado, Points, 2005.

Meurtrier malgré lui, Jean Dimare fuit Marseille pour le Brésil. Il s’invente un passé, prend le nom de João Domar et découvre, émerveillé, ce pays jeune et foisonnant. Plein de fougue et d’ambition, il grimpe jusqu’au sommet de ses rêves en devenant tour à tour chef de gang, trafiquant d’alcool, maquereau… Seule sa participation à l’édification du Christ au sommet du Corcovado pourra le mettre sur la voie de la rédemption.

Jean-Paul Delfino. Dans l’ombre du Condor, Points, 2006.

Lucina, seize ans, a deux passions : la musique et la politique. Paulinho, vingt ans, rêve de richesse et de femmes. La vie est douce, à Rio de Janeiro, au rythme de la bossa-nova naissante et du football qui fait rêver tout un peuple… Mais en ce début des années 1960, le plan Condor élaboré par la CIA pour mettre au pas les démocraties du Sud va étendre son ombre sur le Brésil. Et changer à jamais la destinée des deux jeunes gens…

Jean-Paul Delfino. Samba Triste, Points, 2007.

La prison, la torture, le viol, la mort d’êtres chers et l’exil n’auront pas eu raison de Lucina. De retour au Brésil, la jeune femme se bat, aux côtés du père Thomas, pour les enfants des favelas, les pivetes. Mais les Escadrons de la Mort rôdent. Dirigés par un amoureux éconduit, ils prennent le contrôle du pays. Parviendront-ils à contrôler sa vie ?

 Jean-Paul Delfino. Zumbi, Buchet Chastel, 2007.

Soudain, le paradis dans lequel Semba a toujours vécu vole en éclats. Tout se passe par une douce matinée de printemps, alors qu’il se dirige vers un point d’eau dans l’espoir de débusquer une antilope. Son village est attaqué par des guerriers en furie. Les plus vaillants sont faits prisonniers, les autres sont réduits en une bouillie de sang et d’os. Tous sont devenus, ce jour-là, la propriété de dom Joaquim da Fonseca, un richissime négrier portugais installé au Brésil…
Arrivé à Rio, de prisonnier Semba devient esclave. L’enfer commence : sévices corporels, humiliations, travail harassant… Semba n’a qu’une idée en tête : retrouver sa dignité. Pour cela, il lui faut s’évader et rejoindre la forêt de la Barriga. Là, vivent des milliers de Nègres qui ont choisi la révolte et la liberté. Leur chef est le redoutable Zumbi, le «Dieu-de-la-Guerre». Depuis des années, il défie les Hollandais et les Portugais. Là, est la terre d’espoir. Semba va tenter l’impossible. Va-t-il réussir ? Ou mourir ?

Musique

Jean-Paul Delfino. Brasil : A musica. Collection Eupalinos, Parenthèses, 1998.

Un méridional vous parle du Brésil : interview de Jean-Paul Delfino par l’association Coeur de Livres à la comédie du livre de Montpellier en 2012

Les meilleures vendeurs de disques au Brésil en 2013

La plupart des tubes de l’année diffusés sur les radios brésiliennes en 2013 sont des musiques « sertanejas », également appelées musiques « caipiras », nom péjoratif pour dire que c’est une  musique de péquenauds… Non, ce n’est pas ma tasse de thé, mais je trouve intéressant d’avoir un aperçu des idoles modernes, en tous cas celles qui performent au sein de l’industrie musicale de masse brésilienne.

Tous les artistes ci-dessous se vendent très bien! Certains caracolent en tête des meilleures ventes depuis plusieurs années.

LUAN SANTANA
Musique sertaneja
Depuis 2010 il enchaîne les tubes et se classe régulièrement au top des hits parades brésiliens pour les ventes d’albums comme de singles, et il est devenu millionnaire.

JORGE E MATEUS
Musique sertaneja
Enchainent les disques d’or depuis 2007

PAULA FERNANDES
Musique Sertaneja

ANITTA
Musique (euh, comment la qualifier?)

Vous pouvez également consulter cet intéressant article du Monde sur Anitta

Blanchir c’est réussir

VICTOR E LEO
Encore des  » sertanejos ». Prenez votre courage à deux mains, le clip est gratiné.

MICHEL TELO, avec Paula Fernandes, rencontrée plus haut.
Vous le reconnaissez? C’est lui qui a fait se trémousser des non-lusophones épanouis au son de « Aie se eu te pego » = aïe si je te chope..
Pour en savoir plus sur le succès de cette chanson : Histoire d’un buzz

Pour en savoir plus sur le style de musique sertanejo universitario je vous recommande l’excellent article de Bossa Nova Brasil

Cassia Eller ao vivo

Cássia Eller : un talent foudroyé

Mes premières contacts avec Cássia Eller dépendaient des caprices aléatoires d’une clé USB branchée à l’autoradio d’une voiture. Au cours de longs trajets toutes vitres ouvertes dans l’état de Bahia, parmi le vrombrissement des camions, le ronronnement du moteur, les secousses de la route fatiguée, la chaleur qui abrutit et tous ces paysages à dévorer, est revenue quelques fois cette question en écoutant « Todo amor que houver nessa vida » (tout l’amour qu’on peut avoir dans cette vie) :
–          « dis-moi, qui c’est elle déjà ? »
–          « mmhh, elle te plait hein ? »
Sa voix m’interpellait, j’imaginais une brésilienne noire et bien en chair, dans une attitude lascive et douloureuse. Tout faux. C’était aussi la première fois que j’entendais ce prénom qui claque, Cássia.
J’ai décidé de faire sa connaissance. J’ai réalisé que je l’avais déjà au chaud dans mon Iphone, parmi les centaines de musiques brésiliennes que j’ai récupéré au fur et à mesure de mes voyages. J’ai écouté et reconnu certains airs… et pour cause, Cássia Eller est une chanteuse interprète. Et puis, bien après, je suis allée regarder à quoi elle ressemblait… Je suis restée bouche bée devant You tube en regardant son « Malandragem » (fait de s’acoquiner, s’encanailler). Les paroles de la chanson rebondissent avec bonheur sur la mélodie de sa voix, j’aime comme ses variations gutturales jouent avec le texte.

Qui sait peut être que je suis encore une petite fille (garotinha) Cássia  pousse le  « a » final un brin provocateur,
attendant le bus de l’école, ses yeux roulent, complices
toute seule, (sozinha) le ton qu’elle prend, c’est déjà presque une déclaration d’indépendance,
qui en a marre de ses chaussettes trois quarts et qui prie secrètement pour être une « mauvaise fille ». Qui sait dit elle, le prince se révèle être ennuyeux et commence à me gonfler, peut être que la vraie vie ce n’est pas rêver
D’où le refrain :  Je demande juste à Dieu un peu de « malandragem »… Elle a envie de s’encanailler un peu, elle voudrait un peu de malice, un peu de coquinerie…
et s’explique ou s’excuse… car je suis une enfant et je ne connais pas la vérité.. car je suis une poète et je n’ai pas appris à aimer…

En parcourant d’autres vidéos, je suis allée de suprises en suprises, ses interprétations variant presque en fonction de son look! Look trash avec voix douce et vice versa. J’aime comme son ambivalence fragilité/force se mélange avec sa sensibilité, ses sourires lumineux et ses mimiques de rockeuse. Voilà une sacré femme à la puissance androgyne, avec une énergie franche, un sourire doux, un visage fin et une voix grave presque rauque. Une femme éclectique de caractère, avec son air de se moquer de ce qu’on pense, qui chante ce qui lui plait, du rock, du grunge, du punk, du blues, du samba ou même Edith Piaf! Elle s’implique Cássia, elle n’hésite pas à se donner à fond dans ses interprétations, dans le jeu, dans les métamorphoses. Il suffit de regarder les pochettes de ses albums pour s’en rendre compte : crane rasée et crête iroquoise ou bien coupe au carré presque sage. Elle s’amuse, elle assume sa bisexualité. Elle chante avec son cœur depuis toujours, avec tant de générosité que certains disent qu’elle y a laissé sa peau, enchainant les concerts en 2001, l’année où elle est décédée à 39 ans, foudroyée par une crise cardiaque.

Cássia fait partie de ces chanteurs brésiliens plein de saveur, des figures qui ont des gueules, des voix, des physiques, des vies pas banales, loin des productions commerciales lisses et formatées. Chapeau, Cássia Eller assure, avec elle on sait où on en est !

Découvrez le talent éclectique de Cássia Eller en écoutant ma playlist sur You Tube